En réponse à un éditorial français, ce Focus Paper examine de manière critique les récentes demandes en faveur d’un débat démocratique public sur l’utilisation militaire des armes nucléaires. Les auteurs affirment que, si la volonté de démocratiser la politique nucléaire peut découler d’un désir légitime de transparence et de responsabilité, elle repose sur une interprétation fondamentalement erronée de la nature de la dissuasion nucléaire et de ses impératifs stratégiques. L’étude souligne la tension irréductible entre la délibération démocratique et la logique opérationnelle de la dissuasion, qui exige le secret, la rapidité et la centralisation des décisions.
Les auteurs démontrent que la dissuasion nucléaire, loin d’être une relique arbitraire ou dépassée, continue de fonctionner comme une force stabilisatrice dans un contexte d’insécurité mondiale. Ils réfutent également les discours binaires qui opposent les « réalistes » aux « idéalistes », prônant à la place une compréhension nuancée et éclairée de la politique nucléaire fondée sur le réalisme stratégique. Enfin, ils mettent en garde contre le fait qu’une mauvaise formulation du débat pourrait nuire à la crédibilité de la dissuasion, avec des conséquences potentiellement dangereuses dans le contexte géopolitique instable actuel.
Plutôt que de chercher à « démocratiser » la politique en matière d’armes nucléaires en termes simplistes, l’étude appelle à une réflexion lucide sur sa légitimité, ses limites et les conditions permettant finalement de dépasser ce débat.

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Lignes de recherche : Capacités et technologies de défense ; Menaces, défis et réponses stratégiques ; Architecture de sécurité et de défense

Source image : Marine nationale (France) (sous-marins nucléaires lanceurs d’engins (SNLE))

Focus Paper 52

Débat démocratique sur l’arme nucléaire :
une illusion dangereuse

Alain DE NEVE & André DUMOULIN