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Une conférence publique pour prolonger le débat

En soirée, le CESD a ouvert ses portes au grand public. Après un discours d’ouverture du Colonel Éric Kalajzic, directeur de la division Sécurité & Défense, les échanges ont approfondi la question des minéraux critiques et de leur rôle dans les dynamiques de conflit et de coopération internationale.

Les minéraux critiques : cobalt, uranium et terres rares

Dans son intervention, Filip Reyniers a mis en avant l’importance des minéraux critiques tels que le cobalt, l’uranium et les terres rares. Ces ressources jouent un rôle central dans la transition énergétique et dans le développement des technologies modernes, qu’il s’agisse des batteries électriques, des smartphones ou encore des équipements militaires de pointe.

Il a expliqué que chaque étape de la chaîne d’approvisionnement restait vulnérable aux aléas géopolitiques, économiques ou sécuritaires, ce qui crée une fragilité structurelle. L’Europe, en particulier, se trouve dans une position de dépendance marquée vis-à-vis de la Chine, qui contrôle une part significative de l’extraction, du raffinage et de la distribution de ces matières premières.

Enfin, Filip Reyniers a rappelé que cette dynamique ne se limite pas à une compétition entre grandes puissances : elle a aussi des répercussions locales. Dans certaines régions d’Afrique, l’exploitation de ces ressources alimente indirectement des conflits, lorsque les revenus générés par l’extraction servent à financer des groupes armés ou des milices. Cette réalité souligne la complexité d’un enjeu qui se situe à la croisée des intérêts économiques, des stratégies géopolitiques et des questions de sécurité humaine.

Conflits et processus de paix en Afrique centrale

Le second exposé, présenté par Prof. Dr Koen Vlassenroot, s’est concentré sur les dynamiques de conflit en Afrique centrale, et plus particulièrement sur la République démocratique du Congo. Il a rappelé que, trop souvent, les approches internationales de résolution des conflits adoptent une logique transactionnelle, entre autres, axées sur l’accès aux ressources stratégiques qui se limitent à négocier des compromis économiques.

Selon lui, cette vision réductrice occulte des dimensions essentielles. Les conflits en Afrique centrale ne peuvent être compris uniquement à travers la grille des intérêts économiques ; ils sont également façonnés par des facteurs sociaux, politiques et historiques, qui déterminent les relations de pouvoir au niveau local comme régional. Ignorer ces éléments revient à fragiliser durablement les initiatives de paix.

Le professeur a également insisté sur le rôle ambivalent des ressources naturelles dans ces dynamiques. Si elles alimentent bien souvent les tensions en servant de sources de financement pour des acteurs armés, elles peuvent aussi devenir des leviers de stabilisation lorsqu’elles sont intégrées dans des cadres institutionnels solides, soutenus par la communauté internationale.

Débat et perspectives pour l’Union Européenne

Sous la modération du lieutenant Rodolphe van Hövell, chercheur au CESD et spécialiste du Sahel et de l’Afrique subsaharienne, les experts ont échangé entre eux puis avec le public sur les implications directes de ces enjeux pour l’Union européenne. Le débat a révélé à quel point la question des ressources naturelles dépasse le seul cadre africain pour s’inscrire dans une réflexion plus large sur l’avenir énergétique et industriel de l’Europe.

Les intervenants ont rappelé que l’Union européenne dépend fortement de l’approvisionnement aux minerais critiques, indispensables à sa transition écologique et numérique. Cette dépendance pose un dilemme de taille : comment sécuriser les approvisionnements sans tomber dans une logique de prédation qui fragiliserait les pays producteurs et alimenterait de nouveaux cycles de violence ?

Plusieurs pistes ont été évoquées, parmi lesquelles le renforcement de partenariats équitables avec les États africains, la mise en place de mécanismes de traçabilité pour lutter contre le commerce illégal de minerais, ainsi que l’investissement dans des initiatives locales de développement. L’Europe, ont souligné les experts, ne peut se contenter d’une politique d’extraction : elle doit contribuer à la création de chaînes de valeur locales afin que les pays africains puissent tirer un bénéfice réel et durable de leurs propres richesses.

Conclusion : au-delà des enjeux économiques

À travers le CESD, l’IRSD démontre sa capacité à réunir diplomates, militaires, chercheurs et citoyens autour d’une réflexion commune sur les défis géopolitiques contemporains. Cette conférence a montré que les enjeux liés aux minéraux critiques et aux conflits en Afrique ne se limitent pas à des considérations économiques ou industrielles, mais touchent directement aux choix politiques, sociaux et sécuritaires de demain.

Ces réflexions illustrent pleinement l’objectif des conférences du soir organisées par le CESD : offrir un espace de dialogue autour de thèmes qui touchent à la géopolitique, à la sécurité internationale et au positionnement de la Défense Belge sur la scène mondiale. Pour ne manquer aucune de ces rencontres et rester informé des prochaines thématiques, il suffit de s’inscrire à notre newsletter. Vous recevrez ainsi chaque mois toutes les informations pratiques et les annonces de conférences directement dans votre boîte mail.

Source de l’image :  © MONUSCO/Sylvain Liechti