La gestion internationale des conflits africains: Prévenir, Protéger et Projeter.

Myrto HATZIGEORGOPOULOS

De la coopération au développement aux opérations de maintien de la paix, le continent africain apparaît comme le principal bénéficiaire des programmes de coopération internationaux dans les secteurs social, économique, de la gouvernance ou du secteur de sécurité. L’aide internationale consacrée à l’Afrique n’a cessé d’augmenter en valeur absolue depuis les premiers chiffres enregistrés par l’Organisation de Coopération et de Développement Économiques (OCDE) en 1970. [voir Annexe n°1] Ce constat n’est aucunement surprenant si l’on tient compte de la taille du continent (30 220 000km²), de l’explosion de sa démographie (plus de 1,21 milliard de personnes), du nombre d’États qui le composent (54 États), et du fait que le continent comporte le plus grand nombre de pays dont le niveau de Développement Humain est le plus bas (36 des 54 pays Africains ont un indice de moins de 0,555). En somme, il est estimé que le continent bénéficie de près de 33% de l’aide directe au développement (ADD) au niveau mondial.

Dans le même temps, l’Afrique est depuis des années le théâtre de nombreuses guerres et de conflits internes, qui ont culminé dans les années 1990 avec la guerre civile somalienne, le génocide Rwandais, et les première et deuxième guerres du Congo. L’on compte aujourd’hui près d’une dizaine de conflits actifs sur le continent, et celui-ci accueille 25 opérations de maintien de la paix, dont 12 sont conduites par l’Organisation des Nations Unies (ONU) (l’une étant une opération conjointe ONU-UA), et 10 par des organisations régionales africaines.

Cette étude s’intéresse plus particulièrement au soutien sécuritaire attribué par la communauté internationale à la gestion des conflits africains, que ce soit au moyen d’actions bilatérales ou au travers des actions des organisations internationales. Cette assistance fournie à l’Afrique peut, en effet, s’inscrire dans une action multilatérale via une organisation internationale comme l’Organisation des Nations Unies (ONU), l’Union européenne (UE) ou l’Union africaine (UA), aussi bien que dans un cadre bilatéral entre l’État bénéficiaire et l’État contributeur, ou encore, dans un cadre unilatéral (opération, intervention). Il existe donc différents cadres de mise en œuvre de l’aide attribuée au secteur de la sécurité en Afrique, tant le continent occupe une place prépondérante sur la scène internationale en tant que territoire ou se rejoignent les enjeux du sous-développement, des conflits interétatiques meurtriers, et de l’abondance des ressources naturelles. Au lendemain des attentats du 11 Septembre 2001, le continent a été propulsé au sommet des priorités des États occidentaux et des organisations internationales, de manière à représenter, encore aujourd’hui, l’un des derniers fronts communs de la lutte contre le terrorisme.

Bien que cette aide puisse prendre des formes variées et des contenus divers, celle-ci s’articule autour de trois objectifs prédominants; celui de prévenir l’émergence de nouveaux conflits sur le territoire africain; celui de protéger les populations civiles du fléau de la guerre dans le but réduire les souffrances humaines; celui de projeter le modèle des forces armées occidentales dans les pays africains. Cette catégorisation suit une logique chronologique de l’évolution du conflit, allant des étapes précédant l’éclatement du conflit aux efforts de reconstruction d’institutions solides et crédibles à la fin de celui-ci, en passant par l’impératif de protection des non-combattants et des populations vulnérables dans le déroulement même du conflit.

Cette segmentation, si elle ne peut couvrir un sujet aussi vaste de manière exhaustive, permet de passer en revue la majorité des préoccupations auxquelles les États occidentaux tentent de répondre en soutenant les États africains; les conflits, la violence à l’égard des populations civiles, et la création de forces armées démocratiques, capables et crédibles. Cette étude se divisera donc en trois parties thématiques, qui traiteront chacune à leur tour de l’un des volets des réponses sécuritaires ; prévention, protection, et projection. Chaque partie, elle, analysera la mise en œuvre de chaque approche thématique particulière à l’aune de l’étude de cas bien spécifiques : le Niger, le Soudan du Sud, et la République Démocratique du Congo.

Publications et événements connexes :

Le Léviathan et les Nations Unies
De la nature guerrière à l’art de la paix,
Catheline REMY

Le siège non permanent de la Belgique au Conseil de sécurité : quelles implications pour la Défense ?