Next-Generation Air Dominance (NGAD) :
expression paradoxale de la technologisation

Alain DE NEVE

Au cours de l’été dernier, L’U.S. Air Force (USAF) a procédé à des tests jugés particulièrement concluants du démonstrateur de son nouveau système aérien de combat issu du programme Next-Generation Air Dominance (NGAD). Toutefois, en annonçant cette campagne d’essais, l’assistant du secrétaire de l’USAF aux acquisitions, le Dr Will Roper, a suscité l’étonnement de la plupart des observateurs des affaires de défense : en effet, la conduite d’un essai de démonstrateur dans des délais aussi serrés est une chose assez rare en matière de conception de nouveaux systèmes d’armes.

Des interrogations demeurent : le programme NGAD porte-t-il sur l’élaboration d’un nouveau type d’aéronef de combat ? Le nouveau projet de domination des airs américain est-il de nature à porter atteinte à l’interopérabilité future des forces européennes et américaines ? Et si oui, quelles sont les mesures mises en œuvre par les Européens afin de corriger le risque d’un double décrochage industriel et technologique ?

L’ambition de ce court article est de décrypter les divers constituants du programme NGAD. Au travers du programme NGAD, le Département américain de la Défense vise en réalité à refondre l’ensemble de ses procédures de développement et d’acquisition d’armements. Le but est d’éviter les écueils rencontrés dans le passé par les programmes majeurs tels que le F 35 ou le B 2, pour ne citer que les plus notoires. Les forces armées des États-Unis s’engagent désormais sur la voie de processus d’acquisition plus flexibles et réactifs. L’US Air Force a emprunté à cet effet une approche managériale d’innovation issue du milieu civilo-commercial, bâtie autour du concept de « jumeau numérique » . Comme nous aurons l’occasion de l’observer, les questions portant sur la configuration de la plate-forme et des technologies embarquées sont peut-être les plus secondaires du programme NGAD.